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Des origines au 18e siècle : un milieu rural

L'église Saint Germain de Charonne
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Trois villages et de grands domaines
Les textes les plus anciens, des 12e et 13e siècles, indiquent que l'essentiel du terriroire du 20e arrondissement est alors occupé par de vastes domaines appartenant à des communautés religieuses ou à des seigneurs laïcs. Ces domaines sont le lieu d'une exploitation agricole importante: champs, vignes, prairies et vergers occupent l'espace.
Entre ces grands domaines, trois villages se forment : Belleville au nord, Ménilmontant au centre, Charonne au sud. Belleville et Ménilmontant s'étirent le long des rues de même nom (mais qui autrefois s'appelaient rue de Paris) alors que Charonne s'étale autour de l'église Saint Germain. Le plan de Jouvin de Rochefort, qui date de 1672, montre le village de Charonne. On y reconnait les voies principales qui existent toujours : chemin de Charonne (aujourd'hui rue de Bagnolet), le chemin de Montreuil (rue d'Avron), le chemin de la Pissotte (rue de Lagny), la rue Saint Germain (rue Saint Blaise).
Le plan de Roussel de 1731, montre que le vignoble est la culture principale autour de ces villages. Elle le restera jusqu'à l'urbanisation. Le petit vignoble situé dans le Parc de Belleville en est le dernier vestige.
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Le regard Saint Martin
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L'eau
Les nombreuses sources qui coulent de la colline de Belleville ont été probablement exploitées dès une époque très anciennes. Les travaux importants semblent commencer au 13e siècle lorsque le prieuré Saint Lazare fait construire un aqueduc pour amener l'eau du versant nord de la colline (Pré Saint Gervais, Les Lilas, Paris 19e) jusqu'aux batiments conventuels situés à l'emplacement actuel du square Saint Lazare, à proximité de la gare du Nord.
Versant Ouest (Belleville et Ménilmontant), deux aqueducs sont construits à des dates mal connues. L'aqueduc des Savies est réalisé par les religieux de Saint Martin et les Templiers. L'aqueduc de Belleville semble être une initiative des autorités municipales parisiennes. Sous le règne de Philippe Auguste, les premières fontaines publiques construites à Paris sont alimentées par l'eau de Belleville. Au fur et à mesure que Paris s'étend et que les habitations s'éloignent de la Seine, l'eau devient une ressource rare et précieuse. Le soin apporté à la construction des aqueducs, tel qu'on peut en juger sur les édifices qui sont arrivés jusqu'à nous, témoigne de l'importance de l'exploitation de l'eau à Belleville pour la ville de Paris. Jusqu'au milieu du 19e siècle, l'eau de Belleville participe à l'approvisionnement de Paris.
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Les maisons de plaisance aux 17e et 18e siècles
A partir du 17e siècle, la bourgeoisie et l'aristocratie parisienne font construire des maisons de plaisance sur la colline de Belleville. Le lieu est apprécié pour la proximité de Paris et pour son caractère champêtre. Certaines de ces demeures sont de véritables chateaux agrémentés d'un vaste parc, alors que d'autres sont des demeures beaucoup plus modestes.
Le domaine de Charonne
Au 17e et 18e siècles, le domaine de Charonne occupe le flanc sud du coteau de Charonne. Il comprent un chateau et un parc de 20 hectares avec une terrasse d'où la vue plonge vers Paris. Ce domaine est la propriété d'Honoré Barentin, conseiller d'état, avant de devenir la propriété des religieuses de la congrégation de Notre Dame de la Paix. Il voit passer des personnes illustres tel que le Cardinal de Richelieu. Louis XIV aurait assisté depuis la terrasse du chateau à la bataille qui le 2 juillet 1652 oppose les troupes de Condé à celles de Turenne.
Le chateau change encore plusieur fois de propriétaire pour finalement être vendu en lotissement en 1794. Il n'en reste plus rien aujourd'hui.

Le pavillon de l'Ermitage
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Le domaine de Bagnolet
Le domaine de Bagnolet s'étend en partie sur le territoire du 20e arrondissement actuel et pour l'autre part sur la commune de Bagnolet. Les rues de Bagnolet, de Vitruve et des Balkans en marquent la limite. La duchesse d'Orléans, fille de Louis XIV et femme du Régent, en fit l'acquisition en 1719. Le domaine abrite un chateau, un parc à la française et une vaste partie boisée. Mme d'Orléans fait tracer une large allée bordée d'une double rangée d'arbre pour accéder plus facilement à son domaine. Cette allée, appellée avenue Madame, correspond à l'actuelle rue des Orteaux. Le pavillon de l'Ermitage aujourd'hui situé dans le jardin Debrousse au 148 rue de Bagnolet était un petit pavillon de ce vaste domaine.
Le domaine de Saint Fargeau
Le domaine de Saint Fargeau est, aux 17e et 18e siècles, le plus grand domaine présent sur le territoire des paroisses de Belleville et Charonne. Il occupe toute la partie supérieur de la colline. Michel Le Pelletier de Saint Fargeau, son propriétaire, joue un role important lors de la Révolution. Représentant de la noblesse aux états généraux, puis député de la Convention, il vote la mort du roi et, pour ce vote régicide est assassiné par un royaliste le 24 janvier 1793. Le domaine est vendu en lotissement quelques années plus tard. Il n'en reste rien aujourd'hui.
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Les carrières
Le sous-sol de toute la colline de Belleville contient d'importantes couches de gypse, roche blanche avec laquelle est fabriqué le platre. Des exploitation étaient installées sur presque tout le territoire de l'arrondissement actuel, en particulier à Belleville, Ménilmontant, Charonne et porte de Bagnolet.
Le gypse fut d'abord exploité à ciel ouvert, sur les coteaux. Ultérieurement, l'exploitation s'est en partie faite par carrières souterraines pour éviter d'avoir à retirer la roche stérile au dessus du gypse. Les Buttes Chaumont, dans le 19e arrondissement, sont une ancienne carrière de gypse, et la grotte de ce parc est une ancienne entrée de galerie souterraine. Le relief du parc et les dimensions de la grotte témoignent de l'importance de l'exploitation.
Les carrières souterraines furent la cause de plusieurs accidents. En 1777 et 1778, une série d'éboulements se produisirent rue de Ménilmontant d'on l'un, le 27 juillet 1778, causa la mort de 7 personnes. A la suite de ces évènements, l'exploitation du gypse par carrière souterraines fut interdit et toutes les galeries furent détruites par foudroyage, c'est à dire par destruction des piliers de soutainement. L'exploitation à ciel ouvert se poursuivi jusqu'en 1880.
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Le mur des fermiers généraux
Sous l'ancien régime, les marchandises qui entre dans Paris sont soumises à diverses taxes : la gabelle pour le sel, les aides pour le tabac, les boissons les viandes, les huiles et d'autres produits de consommation courantes. Pour limiter la fraude et faciliter la rentrée de ces taxes, Louis XVI décide en 1785 de faire construire un mur aux limites de Paris, c'est à dire à l'emplacement des actuels boulevards intérieurs (dans le 20e, les boulevards de Belleville et de Ménilmontant). Le mur de 3 mètres de haut n'est franchissable qu'aux barrières : portes monumentales réalisées par Claude-Nicolas Ledoux. Les colonnes de la place du Trone sur le cours de Vincennes sont un vestige de la barrière du Trone.
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La révolution
En 1789, malgré la proximité de Paris, Belleville et Charonne sont encore des villages ruraux peuplés principalement de petits vignerons propriétaires, d'artisans et de petits commerçants. Les anciennes paroisses sont transformées en communes en 1790 et les premiers maires sont élus. Progressivement les Bellevillois et les Charonnais vont prendre goût à leurs tous nouveaux droits politiques. Des sociétés populaires sont créées dans les deux communes. Des interventions sont faites à la Convention, des fêtes révolutionnaires et patriotiques sont célébrées, des écoles primaires sont ouvertes. Mais à partir de 1794, les accusations de complots et les épurations n'épargent pas Belleville et Charonne. Le maire de Belleville, Jean Sibillot et le lieutenant de la garde Nationale, Thouard, sont accusés de complot et sont éxécutés. Progressivement, les habitants se font plus discrets, les sociétés populaires s'éteignent, et avec le Consulat, la vie politique locale disparait presque complètement.
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