Paris 20e


Accueil

Dossier

Histoire

Lieux et gens

Album photo

Jeu

Liens et Biblio


La Bellevilloise
histoire

La naissance de la Bellevilloise


Immeuble de La Bellevilloise
au 25 rue Boyer
Dans les années 1870, les conditions de vie de la population du 20e arrondissement, principalement composée de familles ouvrières, sont très difficiles. Le coût des produits de base est une préoccupation constante de ces familles qui ont souvent du mal à assurer leur subsistance en fin de mois.

C'est dans ce contexte, qu'en janvier 1877, vingt ouvriers du 20e arrondissement créent une coopérative de consommation : La Bellevilloise était née. La coopérative achète en gros des produits de première nécessité et les revend aux coopérateurs en réalisant une marge très modeste et en pratiquant ainsi des tarifs inférieurs au commerce de détail du sercteur marchand traditionnel. Les coopérateurs doivent acheter au moins une action de la coopérative, mais celle ci peut être achetée en plusieurs fois afin de ne pas écarter les personnes aux revenus les plus faibles.

Les débuts de la Bellevilloise sont très modestes : la coopérative n'est ouverte que deux jours par semaine, et seulement le soir après la journée de travail. La vente est assurée par des bénévoles dans un local loué rue Henri-Chevreau. Le chiffre d'affaire de la première semaine n'est que de 147,50 francs. Mais La Bellevilloise reçoit un accueil favorable de la part de la population du quartier et elle se développe régulièrement.

A partir de 1883, d'autres succursalles sont ouvertes dans le quartier. La gamme des produits vendus s'étend. En particulier, une boulangerie est ouverte rue Etienne Dolet; un dépot de charbon s'installe rue de Ménilmontant. En 1897, La Bellevilloise compte 7900 coopérateurs et a un chiffre d'affaire de plus de 4 millions de francs.

La période de 1898 à 1902 est marquée par des malversations de la part de quelques administrateurs et par une baisse du nombre de coopérateurs. En 1902, un groupe de coopérateurs s'unissent dans un Cercle des Coopérateurs qui réussi à prendre le controle de la direction et élimine les administrateurs véreux. La Bellevilloise enraye la baisse du nombre de coopérateurs et retrouve le chemin du développement.

En 1906, un projet ambitieux de maison du peuple est lancé. Un concours d'architecture est remporté par Emmanuel Chaine, jeune architecte adepte du béton armé. La maison du peuple a pour fonction d'héberger les activités de vente, des activités sociales et des salles de réunion. La première tranche est inaugurée en 1910 au 19-21 rue Boyer.

La première commande, comprenant les marchandises que l'on allait vendre, était composée de la sorte :
  • pièces de vin rouge;
  • 15 kil. d'huile;
  • 25 litres de lentilles;
  • 25 litres de haricots;
  • 25 litres de haricots boulots;
  • 1/2 caisse de macaroni;
  • 1/2 caisse de vermicelle;
C'est avec ces quelques produits qu'allait ouvrir la société La Bellevilloise qui devait par la suite faire 5 millions d'affaires par an, posséder plusieurs immeubles et près de 800 000 francs de capital collectif, près de 200 employés occupés d'une façon permanente. Le matériel fut fourni gracieusement par les coopérateurs : un pupitre, des balances et des poids; la vente fut, pour la première journée de 111,90 fr; le 23 janvier de 35,60 fr soit pour la première semaine [...] 147,50 fr [...]
La vente de la deuxième semaine avait démontré l'utilité de incontestable de la société, le 28 janvier la vente atteignait 210,95 fr. [...]
Ce succès encouragea les nouveaux coopérateurs.


Extrait de La Bellevilloise, Louis Héliès, 1912.

L'apogée de La Bellevilloise

En 1914, La Bellevilloise, forte de ses 9000 sociétaires fait figure de modèle. Pendant la première guerre mondiale, après une période difficile au début de la guerre, elle continue de se développer et participe à l'approvisionnement des parisiens en produits de première nécessité. Néanmoins La Bellevilloise reste à l'écart du mouvement de regroupement des coopératives. Ainsi en 1920, bien qu'elle soit toujours une coopérative prospère, elle n'est plus parmi les plus importantes entreprises coopératives du département de la Seine.

A la suite du congrès de Tours qui marque la sission entre les socialistes et les communistes, La Bellevilloise devient un enjeu pour les deux parties. Le conseil d'administration élu en 1919, est plutot proche du mouvement socialiste. Mais en janvier 1924, le courant communiste devient majoritaire. La Bellevilloise devient un modèle pour les coopératives à direction communiste.

Le cinquantième anniversaire de La Bellevilloise est brillamment fêté. Il coïncide avec l'inauguration d'un nouveau bâtiment au 25 rue Boyer. Ce batiment est d'une certaine manière une deuxième phase du projet de Maison du Peuple initié en 1906. Cette période marque l'apogée de La Bellevilloise.

La fin de la Bellevilloise

Plusieurs facteurs concourent aux difficultés que rencontre La Bellevilloise à partir de la fin des années 20. Le premier de ces facteurs est certainement la concurrence accrue du secteur marchand traditionnel. De puissantes sociétés à succursales multiples occupent maintenant le secteur du commerce de détail. La Bellevilloise du fait de sa structure coopérative n'a pas les mêmes moyens financiers que ces sociétés capitalistes. La Bellevilloise subit durement la crise qui arrive en France à la fin de 1930. La disparition de sociétés coopératives soeurs comme la Banque Ouvrière et Paysanne avec laquelle La Bellevilloise a des relations étroites contribue également à la destabiliser. Enfin, pour la construction de l'immeuble du 25 rue Boyer, La Bellevilloise s'est fortement endettée.

Le chiffre d'affaire et le nombre de sociétaires chutent. En mai 1934, La Bellevilloise est en liquidation judiciaire. Un redémarrage de l'activité est tenté en décembre 1934. Mais les dettes sont trop importantes et le 5 avril 1936 l'assemblée générale des coopérateurs autorise l'administrateur à déposer le bilan. La Belleviloise a définitivement disparu.